mai 17, 2022 0 Comments
A peine sortis de la récession liée au Covid-19, ces pays font face aux conséquences de l’invasion russe. Pour certains, le risque de crise financière est réel.
Par Julien Bouissou
Publié le 27 mars 2022 à 03h23 – Mis à jour le 28 mars 2022 à 08h31
Les pays émergents portent mal leur nom. Tout juste sortis de la pandémie de Covid-19, qui les a plongés dans une récession historique, ils voient désormais leur reprise compromise par la guerre en Ukraine. Pis : certains économistes redoutent une crise financière pour les plus fragiles d’entre eux.
« Le premier choc de la guerre en Ukraine est celui de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie », affirme l’économiste Carlos Lopes, professeur à l’université du Cap, en Afrique du Sud. Même s’ils avaient déjà commencé à augmenter avant le début du conflit, à cause notamment des goulots d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement, la hausse devrait s’accélérer dans les prochains mois.
« Elle n’est pas seulement liée au déséquilibre entre l’offre et la demande, mais à des activités de spéculation sur le marché des matières premières », souligne Jayati Ghosh, professeur d’économie à l’université Jawaharlal-Nehru de New Delhi. L’indice des prix des produits alimentaires établi par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (« Indice FAO ») a déjà augmenté de 40 % au cours des deux dernières années et grimpé de 3,9 % en février par rapport au mois précédent.
Dans les pays émergents, où l’alimentation représente le premier poste de dépenses des ménages, les conséquences seront dévastatrices. Dans ces pays, où 70 % de la population active travaille dans le secteur informel, la hausse des salaires ne suit pas l’indice de l’inflation.
Les institutions monétaires se préparent déjà au choc de la hausse des prix. La Banque centrale sud-africaine a relevé, jeudi 24 mars, ses taux d’intérêt directeurs, au motif que « la guerre risque d’entraver la production d’un large éventail de produits énergétiques, alimentaires et de perturber davantage le commerce mondial ». Quelques jours plus tôt, le 21 mars, c’est la Banque centrale d’Egypte qui a augmenté ses taux, citant les mêmes raisons. Le pays est le premier importateur au monde de céréales, dont une majorité provient d’Ukraine et de Russie.
La semaine précédente, le 16 mars, c’était au tour du Brésil d’augmenter ses taux pour la neuvième fois d’affilée depuis le début de l’année 2021, afin d’enrayer une flambée des prix de 10 % sur un an, la plus élevée depuis 2016. Un durcissement de la politique monétaire censé, certes, calmer la hausse des prix, mais qui devrait aussi ralentir la reprise de l’activité dans tous ces pays.
Ailleurs dans le monde, d’autres mesures ont été mises en place. La Côte d’Ivoire a, par exemple, plafonné les prix des denrées alimentaires de base comme le riz, l’huile de palme raffinée, le sucre ou le lait, et un Conseil national de lutte contre la vie chère envoie des équipes sur les marchés pour prévenir toute valse des étiquettes. Craignant des pénuries, le gouvernement ivoirien a aussi bloqué les exportations de manioc et de bananes plantain.
SOURCE: LE MONDE
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