L’Afrique ne devrait pas laisser les États-Unis l’exploiter à nouveau

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Du 13 au 15 décembre 2022, les États-Unis ont invité 49 pays africains au « Sommet pour la reconfiguration des relations entre les États-Unis et l’Afrique ». Annoncé par l’administration américaine comme un événement d’importance capitale, le sommet ne semble pas avoir donné beaucoup d’espoir, ni parmi les invités, ni parmi les populations africaines. L’exclusion de certains pays et le thème déterminé par l’administration américaine, partie invitante, ont révélé le caractère sélectif et unilatéraliste des États-Unis, seul initiateur de cette réunion. Le sommet a soulevé des questions parmi de nombreux Africains. Ces questions concernaient principalement : la philosophie du système politique américain, l’esprit de guerre froide qui nourrissait la politique étrangère américaine, la méthode unilatérale et impérialiste de cette politique visant le reste du monde, en particulier l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine.

L’histoire contemporaine nous enseigne que les États-Unis sont un pays notoire qui sème des troubles et un champion de la fuite du chaos et de la désolation qu’ils créent. Les États-Unis se distinguent par les guerres provoquées au nom de la démocratie à l’américaine. Il n’a jamais gagné une guerre, mais laisse le chaos et la désolation partout sur son passage à travers les continents. Parmi celles-ci, les guerres qui ont touché directement ou indirectement l’Afrique, comme la guerre du Vietnam en 1975 (les soldats américains ont fui comme des lapins devant le général Giap Vo Nguyen) ; la guerre en Afghanistan (les Américains ont abandonné plusieurs de leurs alliés sur le tarmac de l’aéroport de Kaboul); la guerre en Irak en 2003 (en utilisant de fausses preuves, les États-Unis ont tué Saddam Hussein, causé des milliers de morts et laissé le pays dans le chaos et la désolation); la guerre en Somalie (une véritable humiliation avec des images de corps de soldats américains traînés sur le sol); la guerre en Libye (l’OTAN et les États-Unis ont tué Mouammar Kadhafi). Depuis lors, la Libye est restée dans le chaos.

Les pays du Sahel, y compris le Mali, vivent dans la terreur sécuritaire générée par les États-Unis. Les États-Unis n’ont pas trouvé de meilleur moyen que de décider de réduire leur personnel diplomatique au strict minimum et ont demandé aux citoyens américains de quitter le Mali. Le ministre des Affaires étrangères du Mali a convoqué l’ambassadeur des États-Unis pour exprimer la désapprobation du Mali face à cet acte inamical. Le 11 décembre 2001, des terroristes ont détruit les tours du World Trade Center et attaqué le Pentagone, symbole de la puissance américaine. Aucune ambassade africaine à Washington n’a évacué son personnel diplomatique ni encouragé ses compatriotes à quitter les États-Unis. Des membres d’une mission chinoise pour la construction de chemins de fer ont été tués dans un attentat terroriste à l’hôtel Radisson à Bamako. Des travailleurs chinois ont été enlevés alors qu’ils travaillaient sur la route Bamako-Nara. La Chine n’a ni réduit son personnel diplomatique ni exhorté ses citoyens à quitter le Mali. C’est dans les moments difficiles que nous reconnaissons nos vrais amis.

Que doivent attendre les Africains des États-Unis en cette période de tensions économiques et politiques ? Les États-Unis ont toujours considéré l’Afrique comme le continent oublié. Ils n’ont jamais eu de politique concrète pour l’Afrique. Les États-Unis sont très préoccupés par le fait qu’une grande partie des pays africains n’ont pas soutenu l’Occident contre la Russie dans le conflit en Ukraine. Donald Trump, le prédécesseur de Joe Biden, prônait « l’Amérique d’abord » et insultait les Africains en les insultant. Joe Biden, le président américain, a fièrement déclaré au début de son mandat que « l’Amérique est de retour ». Comme lors des campagnes électorales avec les dirigeants africains, il a fait des annonces relatives à l’attribution d’un siège à l’Union africaine au G20 et au Conseil de sécurité des Nations Unies; le déblocage de 55 milliards de dollars pour l’Afrique au cours des trois prochaines années dans les domaines du numérique, des infrastructures, de la santé, de la lutte contre le changement climatique et des énergies renouvelables, de la promotion de la bonne gouvernance et de la démocratie et dans le domaine de la sécurité. Il a ajouté, mais les États-Unis le feront en fonction de leurs valeurs… c’est dans notre ADN.

Pendant des années, les sanctions économiques imposées unilatéralement par les États-Unis et les puissances occidentales contre d’autres pays, y compris africains, se sont révélées être une pratique contre-productive. Les sanctions imposées au Burundi, au Burkina Faso, à la République centrafricaine, à la République démocratique du Congo, à l’Éthiopie, à la République de Guinée, à la Libye, au Mali, à la Somalie, au Soudan du Sud, au Zimbabwe, doivent rappeler aux dirigeants africains que chacun d’eux est une victime potentielle de la volonté américaine.

Le Sommet de Washington a suscité de nombreuses réactions fortes en Afrique symbolisées par une manifestation de protestation organisée devant le lieu de l’événement à Washington. L’histoire de l’Afrique ne s’écrira pas à Washington. Aujourd’hui, les États-Unis traversent une période d’épreuves. Ils ont choisi de faire de la Chine et de la Russie leurs pires ennemis. La Chine est imperturbable et la Russie ne faiblit pas. Les difficultés cèdent la place à la déception, plongeant l’économie américaine dans la pire récession depuis 1945. Les pays africains doivent se méfier d’être utilisés comme « la dinde farcie ».

Les États-Unis doivent « respecter les aspirations des peuples africains » et contribuer au développement de l’Afrique, au lieu de « salir et dénigrer sans relâche d’autres pays ». Le monde devrait considérer avec un « bon esprit ouvert » la Chine aider l’Afrique à obtenir son indépendance. Depuis sa création en 2000, le Forum sur la coopération sino-africaine présente des résultats tangibles au profit des populations africaines.

 

Auteur: Prof. Yoro DIALLO is a senior researcher and executive director of the Center for Francophone Studies, director of the African Museum at the Institute of African Studies, Zhejiang Normal University.

Traduit de l’Anglais par SINAFRICANEWS

Source: CHINADAILY


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