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By SinAfricaNews septembre 25, 2023 0 Comments
La France va quitter le Niger : c’est le retour au réalisme. Depuis le coup d’état militaire du 26 juillet à Niamey, la France s’est voulue droite dans ses bottes, inflexible dans la défense de son allié, le président Mohamed Bazoum, retenu depuis près de deux mois par les putschistes. C’était intenable et à terme contre-productif.
La position française se voulait fondée sur la légitimité d’un président élu, refusant les injonctions d’un régime militaire par définition contraire aux règles constitutionnelles. Emmanuel Macron a réaffirmé cette position rigide dans son discours aux ambassadeurs le mois dernier.
Que s’est-il passé pour qu’hier, dans son interview télévisée, il annonce finalement le retour en France de l’ambassadeur Sylvain Itté, dont la junte avait demandé le départ ; et surtout, l’évacuation des quelque 1500 soldats français stationnés dans le pays d’ici à la fin de l’année ? Tout simplement le constat que la partie n’était pas gagnable.
Chaque jour qui passait rendait cette position plus difficilement tenable. La perspective d’une intervention militaire régionale n’était ni réaliste, ni de fait souhaitable : ajouter de la guerre à l’instabilité ne peut pas être la solution. Même si les pays de la région continuent de l’agiter, redoutant une contagion des coups d’état.
La série de coups d’état dans des pays francophones a mis la France dans une situation délicate. Surtout à partir du moment où Paris ne les traitait pas de la même manière : au Tchad, le fils du président Idriss Deby, qui a succédé à son père sans respecter l’ordre constitutionnel, a été adoubé par Emmanuel Macron ; puis les putschs successifs au Mali, Burkina Faso et Niger, ont été condamnés fermement ; enfin celui du Gabon a été considéré comme une affaire de famille et n’a provoqué aucune crise.
Ces traitements différents affaiblissent la posture légaliste adoptée au Sahel. Surtout dans un contexte où la France est devenue le bouc-émissaire d’un triple échec : sécuritaire face aux djihadistes, politique avec la faillite de démocraties de façade, et identitaire, avec une France toujours en surplomb 60 ans après les indépendances. Le départ du Niger solde cette impasse.
La France est condamnée à revoir de fond en comble sa présence et sa posture en Afrique. Elle a aujourd’hui des relations dépassionnées avec les pays non-francophones, comme le Nigéria ou le Kenya. Mais elle n’a pas soldé les comptes de la colonisation et, peut-être surtout, de la relation postcoloniale incestueuse avec le monde francophone.
Il y a une page à tourner pour que les aspirations identitaires des nouvelles générations africaines soient satisfaites. Emmanuel Macron en avait eu l’intuition dans son discours de Ouagadougou en 2017, mais il a été un réformateur contrarié. Aujourd’hui, il ne suffit pas de dire que « la Françafrique est morte » comme l’a réaffirmé le président hier.
Le départ du Niger pose de sérieux problèmes à la France, car il se fait sur la défensive. Mais il fallait crever cet abcès, pour ne pas sacrifier la construction d’un autre avenir possible avec le continent.
Source: France Inter
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