Ne pas “être suiviste”: les propos d’Emmanuel Macron sur Taïwan passent mal aux États-Unis

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Dans un entretien accordé au journal Les Échos, le président de la République a défendu une “autonomie stratégique” européenne vis-à-vis des États-Unis, appelant à ne “pas être suiviste” des Américains.

 
Emmanuel Macron serait-il un allié ingrat? C’est en tout cas ce que suggèrent certains responsables et médias américains, après la publication dimanche d’un entretien accordé par le chef de l’État au quotidien Les Échos lors de sa visite d’État en Chine.
Invité à s’exprimer sur “l’autonomie stratégique” européenne, un sujet qui lui est cher, Emmanuel Macron a laissé entendre que la crise autour de l’île de Taïwan était autant du ressort de Pékin que de Washington, pourtant allié de la France, et a entretenu le flou sur la réaction qui serait la sienne en cas d’invasion chinoise.
 
“La pire des choses serait de penser que nous, Européens, devrions être suivistes sur ce sujet et nous adapter au rythme américain et à une surréaction chinoise. Pourquoi devrions-nous aller au rythme choisi par les autres?”, a-t-il notamment déclaré.
Puis de poursuivre: “Notre priorité n’est pas de nous adapter à l’agenda des autres dans les régions du monde”.

Des déclarations “troublantes”

“Bien que j’apprécie l’alliance de longue date et stratégiquement importante entre les États-Unis et la France, les visites du président Macron à Moscou et à Pékin sont troublantes”, a indiqué dans un langage policé le sénateur républicain de la Caroline du Sud Lindsey Graham.
Pour ce dernier, en se rendant à Pékin pour y faire passer un tel message, le président français ne ferait que renforcer le narratif que tente d’imposer la Chine, qui a lancé de nouvelles simulations militaires autour de Taïwan le week-end dernier, avec des exercices “d’encerclement total”.
“La dernière chose dont nous avons besoin, c’est que les dirigeants occidentaux se rendent dans les capitales occupées par des dictateurs autocratiques poussant des récits qu’ils peuvent utiliser pour justifier et encourager de nouvelles agressions”, a écrit Lindsey Graham.

La question de l’aide militaire américaine en Ukraine

Sur un ton moins policé, le sénateur républicain de Floride Marco Rubio a demandé à l’Union européenne de préciser si Emmanuel Macron exprimait son opinion personnelle ou celle des 27.
“Est-ce qu’il est le dirigeant européen le plus puissant?”, a feint de se demander le sénateur, avant de s’attaquer plus frontalement au président de la République: “Quand Macron a essayé de se la jouer puissance globale en envoyant des soldats dans le Nord de l’Afrique, il n’a même pas été capable de les envoyer avec ses propres moyens. Nous (les Américains, ndlr) avons dû les envoyer et les ramener”.
D’ailleurs, pour Marco Rubio, si effectivement l’Union européenne souhaite accéder à une autonomie totale, Washington devrait reconsidérer son soutien apporté à l’Ukraine, dans le cadre d’une guerre qui se déroule sur le sol européen.
“Nous dépensons beaucoup d’argent venant de nos contribuables dans la guerre en Ukraine”, a-t-il rappelé, 32,2 milliards d’euros en assistance militaire pour être exact, comme le rapporte Le Monde.

Une séquence qui va “laisser des traces”

“Cet épisode va laisser des traces auprès de nos partenaires en Europe et en Indo-Pacifique mais aussi au sein du ministère des Affaires étrangères et du ministère des Armées. Pensée à ceux qui y travaillent et vont devoir gérer les conséquences”, a estimé le spécialiste de la Chine Antoine Bondaz.

Une volonté de faire “baisser les tensions”

Face à la polémique déclenchée par cette prise de parole, certains proches du président ont précisé dans les médias la pensée du chef de l’État. “Il n’y a pas de volonté de laisser Taïwan envahi par la Chine. Il y a au contraire la volonté de faire baisser les tensions”, a expliqué sur France Inter ce mardi Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance.
L’ancien ambassadeur de France aux États-Unis Gérard Araud a de son côté apporté sur Twitter un autre point de vue, estimant qu’en terme de politique internationale, la naïveté face à Washington ne peut être de mise.
“La rivalité sino-américaine n’est pas le combat du bien contre le mal, de la liberté contre l’oppression mais une confrontation géopolitique inscrite sur la carte, qui résulte de la logique millénaire des relations internationales”, a écrit l’ancien diplomate.

SOURCE: BMFTV


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